[Extrait] « L’Intemporel » se dévoile !

Bonjour à tous et à toutes !

Je reviens par ici pour partager avec vous les premières pages de L’Intemporel ; vous avez été plusieurs à manifester de la curiosité pour cet univers, et je me suis dit que le début était assez « propre » pour être posté ici. Bien évidemment, il s’agit d’un texte corrigé pour ce qui est du fond et du style, mais je tiens à souligner qu’il peut persister fautes et maladresses…

Je n’en dis pas plus, et je vous laisse faire la connaissance de Liliane Delaroche, l’une des deux héroïnes de ce one-shot steampunk, qui fleure bon le voyage dans le temps, les antiquités, et la réécriture de l’Histoire avec une grande Hache !

Bonne lecture ! 🙂


L'Intemporel

« Ce ne sont pas les gens qui font le voyage, mais le voyage qui fait les gens. » Richard Delaroche à sa fille Léonore, peu avant sa disparition.

Chapitre 1 : L’enchanteresse et l’alchimiste

Coordonnées T : 1890 (une année avant la mort du tsar Empereur Alexandre III)
Coordonnées L : Russie, Pouchkine, jardins du Palais impérial Catherine

Le regard perdu dans les brumes qui moutonnaient à l’ouest, Liliane Delaroche n’avait pas conscience du charme qu’elle dégageait – et, pour une fois, celui-ci n’avait rien à voir avec ses potions et sortilèges. Sacha, jeune sans être impressionnable, ne pouvait pour autant s’empêcher de la fixer. Les paysages qui défilaient de l’autre côté de la vitre de l’autocalèche à vapeur détenaient de quoi l’envoûter, mais il les connaissait déjà, et rien n’avait plus d’attrait que la nouveauté.

Surtout quand elle était aussi mystérieuse.

Certes, tous les agents de l’Intemporel charriaient dans leur sillage quantité de secrets auxquels s’adjoignait le plus souvent une traîne de danger, et Sacha avait plus d’une fois eu affaire à eux – les agents comme les dangers. Néanmoins, il n’avait jamais croisé une femme enveloppée d’une telle aura de pouvoir et de secret. En même temps, avec un nom de famille aussi célèbre que le sien, il eut été difficile voire inconvenant de paraître fade ou, pire, vulgaire.

« Delaroche… », plus qu’un nom, une légende.

Du moins dans les cercles d’initiés, lesquels se limitaient aux voyageurs temporels dont Sacha lui-même avait l’insigne honneur de faire partie.

Il poussa un petit soupir empreint de nostalgie, puis ramena son regard vers les merveilles glacées de l’hiver russien. Il constata, à regret, qu’ils approchaient de leur destination. Ce tête-à-tête silencieux prendrait bientôt fin. Il aurait aimé réunir assez de courage pour engager la conversation, mais en dehors des questions qui relevaient des aspects techniques ou politiques de leur mission, il n’osait pas ouvrir la bouche.

Liliane eut un léger sourire, qu’elle camoufla dans un toussotement embusqué dans le revers de sa main. Les pensées du jeune homme parvenaient par vagues sur la grève de son esprit. Elle trouvait touchante sa manière de retenir sa curiosité, mais aussi très énervante cette espèce de fanatisme presque religieux qui poussait tous les voyageurs temporels à la réduire à son seul nom de famille. Ses parents étaient certes une légende, mais elle était vivante, elle ! Ne pouvait-on pas, un instant, une fois seulement, la délester du fardeau de l’héritage de cette célébrité parentale ? Mille potions de sagesse ! Qu’il était difficile et agaçant de trimballer une réputation qui n’était pas tout à fait la sienne…

À présent, l’autocalèche à vapeur traçait sa route sur un chemin de neige qui filait entre deux vastes étendues d’eau figées par l’hiver. Le véhicule avait passé presque sans ralentir le gigantesque portail de fer forgé qui marquait l’entrée des jardins impériaux, exceptionnellement non filtrés en cette soirée si particulière.

Car le bal du Nouvel An demeurait en théorie ouvert à tous – en pratique aux seuls plus riches, puisque nul ne pouvait passer le seuil des jardins à pieds ou en vulgaire calèche à chevaux, et il fallait être assez bien nanti pour posséder ou s’offrir les services d’une auto pour la soirée. Heureusement, et quelle que fut l’époque, l’Intemporel possédait des caisses bien fournies, en devises locales comme en objets à céder en échange desdites devises d’époque. Bien que l’agence n’ait jamais failli à son devoir de sauvegarde de l’équilibre temporel, ses activités se rapprochaient assez du trafic d’artefacts à travers le temps et l’espace ; et qu’elle fût proche de la légalité ou non, cette activité s’avérait toujours extrêmement lucrative. La seule différence entre les trafiquants et les commerçants résidait en ce qu’ils se trouvaient chacun d’un côté différent de la Loi. L’Intemporel, lui, eh bien… il existait quelque part entre les deux, jouant sur les mots, funambule en équilibre sur les lignes des Lois du Temps.

Les nombreux véhicules les ayant précédés avaient fait fondre la neige et les proches congères, aussi l’autocalèche à vapeur progressait-elle à vitesse accrue désormais. Sous ses gants de soie emmitouflés dans le manchon en fourrure, Liliane commença à transpirer ; cela dit, la chaleur de ses habits n’y était pour rien. Leur mission aurait donné des bouffées de chaleur aux plus confirmés des monte-en-l’air.

Car ils n’allaient rien de moins que cambrioler incognito le Palais le mieux surveillé de l’Empire russien de 1890, et ce, le plus lestement possible, car les objets convoités s’avéraient aussi dangereux que précieux. Il s’agissait en effet de phénix mécaniques dissimulés dans des œufs de Fabergé, lesquels s’apprêtaient à naître et, donc, à exploser. Placés là par une main assassine, les œufs explosifs donneraient lieu à un attentat doublé d’un coup d’état qui ne devait absolument pas avoir lieu. Liliane Delaroche en savait quelque chose, puisqu’elle venait de Massalia-1910, et qu’un tel événement n’avait jamais eu lieu ou, tout au moins, jamais été répertorié… elle et sa sœur devaient donc faire en sorte que la grande porte de l’Histoire ne sorte pas de ses gonds – sans se la prendre dans la figure au passage.

Comment se débrouillait Léonore, d’ailleurs ? Inquiète comme à son habitude, Liliane jeta un coup d’œil furtif vers les nuages, toutefois elle ne discerna aucun signe de sa jumelle – ce qui signifiait, en soi, que tout se déroulait pour le mieux.

Liliane et Sacha seraient parmi les derniers arrivés au bal. Ce retard s’avérait calculé : les convives se seraient lassés du défilé d’arrivants, et plus personne ou presque ne se trouverait à la porte pour les dévisager et les évaluer. Les servants surchargés de corvées ne leur accorderaient qu’une brève seconde de leur attention, c’est-à-dire celle qu’il leur faudrait pour les annoncer et aussitôt les oublier. Cela leur permettrait d’opérer dans le plus complet des anonymats relatifs…

Liliane contempla son reflet dans la vitre givrée à l’extérieur et embuée à l’intérieur. Sa main gantée allait et venait entre sa robe de soirée bordeaux plissée et le col festonné d’hermine de sa cape. Sous les replis de fourrure, invisible grâce à un sortilège, se trouvait le talisman de sa mère, héritage familial à la puissance toute symbolique, et preuve qu’un immense talent magique ne signifiait pas toujours une longévité sublime. Si Léonore apprenait que Liliane l’avait encore pris en mission, elle le lui reprocherait, et à juste titre : il était déconseillé d’emporter des objets personnels dans le passé. Mais Liliane ne parvenait pas à s’en défaire. Jamais. Il lui était physiquement douloureux de s’en trouver éloignée dans l’espace, encore plus dans le temps. Cela égarait sa concentration et diluait sa volonté dans l’angoisse de ne pas retrouver, à son retour chez elle, son précieux talisman.

Et il peut s’avérer utile… songea-t-elle comme pour se justifier. L’artefact n’était pas seulement un souvenir : il constituait une petite réserve de pouvoir dans laquelle elle pouvait piocher jusqu’à épuisement. Un pouvoir que sa propre mère avait abandonné au bijou lors de sa mort, et qu’elle n’utiliserait évidemment qu’en cas de tout dernier recours.

Parce que c’était tout ce qu’il lui restait de la sorcière qui l’avait enfantée, aimée et formée…

Ils parvinrent enfin à l’entrée du Palais des tsars. Les fenêtres illuminées brillaient comme des étoiles sur la façade bleue de firmament. Des piliers blancs ornés de sculptures dorées rivalisaient d’élégance et de baroque. Le château avait été originellement construit pour être le plus beau du monde, et bien qu’on ne puisse déterminer avec assurance quelle impériale merveille architecturale détrônait toutes les autres, il fallait dire que le créateur du Palais Catherine avait fourni des efforts colossaux en ce sens et méritait au moins une place sur le podium. La façade à elle seule s’étendait sur plus de 300 mètres de long, et l’on disait chaque centimètre carré décoré avec beaucoup de soin et des moyens – parfois trop – spectaculaires.

Liliane avait d’ores et déjà put constater que le parc n’usurpait pas sa réputation, avec ses Folies à thèmes, comme la Pyramide dont elle avait aperçu le sommet enneigé, le Pont de Marbre, le Pavillon grinçant, l’Horloge Remonte-Temps… Amoureuse des beautés décrépites, elle aurait aimé avoir l’occasion de se rendre auprès la célèbre Tour rouillée mécanique. Néanmoins, elle ne se trouvait pas ici pour le tourisme. Elle n’en avait jamais le temps, en fait : elle visitait de nombreux pays, d’aussi nombreuses époques, mais jamais elle ne s’y attardait assez pour y découvrir de visu les cultures, explorer les lieux, rencontrer les gens…

Quand elle sortit de l’autocalèche, Liliane fut agressée par une bourrasque de froid, qu’elle se hâta de semer en rejoignant la chaleur du foyer principal. On lui ouvrit la porte avec vélocité et indifférence. Sacha la suivit de près, tandis que la portière de l’autocalèche claquait en se refermant. Le véhicule partit rejoindre l’enfilade de ses semblables, quelque part du côté des anciennes écuries impériales, désormais transformées en garage de luxe à mécanique autogérée.

Quand elle entra dans le foyer, Liliane fut agressée par la débauche de dorures du plafond, des murs, des piliers. Les seules surfaces épargnées étaient le sol – pour d’évidentes raisons de bon sens – et les miroirs – pour d’égales et évidentes raisons de narcissisme. Lorsqu’on lui prit cape et manchon, Liliane frissonna d’anticipation, écho à l’angoisse palpitante de Sacha, son cavalier pour la soirée dont elle continuait de percevoir avec force les émotions. Ce dernier lui prit le bras, comme le voulait la coutume, et ils pénétrèrent ensemble dans la pièce suivante, celle où l’on annonçait les nouveaux venus à la foule de convives.

Comme prévu, grâce à l’heure tardive, de foule, il n’y avait point. Le servant dévolu à la tâche ingrate et solitaire qui consistait à annoncer les arrivants d’une voix forte s’égosilla dans le vide :

— Le duc et la duchesse Romanova ! déclama-t-il en lisant le faux nom inscrit sur le faux carton d’invitation.

L’escalier de marbre monumental et désert ajouta au ridicule de la situation. Avec la morgue exagérée qui seyait à son rôle de petite noble née dans le ruisseau, Liliane jeta un regard de côté à Sacha, lui tapota la main comme elle aurait tiré sur la laisse d’un chien, et ils reprirent leur marche. Ils montèrent les marches et prirent à gauche, faisant mine de se diriger vers la salle de bal. Le parcours était très balisé : des automates de garde se trouvaient plantés devant chaque porte interdite, et l’on aurait voulu les contourner pour fricoter dans un recoin sombre qu’on aurait aussitôt été signalé à la garde mécanique mobile, qui aurait jailli de tel ou tel mur pour s’emparer des contrevenants à moitiés nus.

Ce fut au détour du couloir suivant qu’ils croisèrent le premier Œil de Faucon. Le dispositif, enchâssé dans les murs, scannait les convives à la recherche de toute arme, qu’elle fût blanche ou à poudre. Ni Liliane ni Sacha n’était dépourvu de protection, mais aucune n’était détectable pour l’œil magique. Du moins… en théorie. Liliane tressaillit quand la paupière de cuivre se ferma sur l’œil de laiton. Dedans, l’éther solidifié en forme de gemme diamantine pulsa. La sorcière poussa un très discret soupir de soulagement lorsque l’appendice cuivré se rouvrit pour révéler une gemme toujours aussi translucide. Si l’appareil avait repéré la poudre d’orichalque dissimulée sous les diamants de la rivière pendue à son cou, la gemme aurait tourné à l’orange foncé.

Elle ne fit aucune remarque. Sacha s’en abstint également ; car en plus de posséder des yeux, les murs du Palais impérial disposaient également d’oreilles, et ce, de manière littérale. Toute conversation suspecte pouvait être isolée en pleine foule… alors, dans un couloir où ne circulait presque personne… Lesdites oreilles n’étaient pas visibles, aussi Liliane scrutait-elle chaque décoration avec curiosité, se demandant sous quels atours les dispositifs mécaniques étaient dissimulés. Sa sœur, beaucoup plus douée qu’elle à ce petit jeu en sa qualité d’ingénieur-alchimiste, aurait sûrement pu repérer la chose en un tournemain, et ce, sans même y prêter trop d’attention.

En parlant de Léonore…

Sacha produisit une montre à gousset. Il la replaça avec élégance dans la poche intérieure de son veston, celle destinée à recevoir ses effets personnels. Puis il hocha la tête une fois – seul signal possible dans ces lieux sous haute surveillance. Ils étaient dans les temps pour l’opération. Deux hochements de tête auraient constitué un fort mauvais préambule à leur mission, signal d’un retard potentiellement mortel pour Léonore.

— Très cher, fit soudain Liliane avec une voix qui n’était pas vraiment la sienne, modifiée par le sortilège qu’elle portait autour du cou et qui lui permettait de parler un russe d’époque impeccable et, à dire vrai, authentique. Je n’ai guère envie de me rendre tout de suite à la salle de bal, d’autant que le couple impérial se fera encore attendre un moment, j’imagine. J’aimerais visiter l’une des pièces ouvertes au public avant que ledit public ne s’y précipite…

— Laissez-moi deviner, ma chère Natacha, déclara Sacha d’une voix douce, dans un russe authentique. Vous souhaitez contempler les Merveilles Mécaniques de Fabergé ?

— Les œufs, plus exactement… il semblerait que la collection du tsar ait été agrandie ce Noël, on parle de pièces fantastiques. J’aimerais tant…

— Arrêtez de parler, ma très noble dame, vous savez que je ne peux rien vous refuser. Inutile de mendier.

— Comme si c’était dans mes habitudes !

Cette décision de ne pas se rendre tout de suite au bal devait absolument paraître naturelle, au risque, dans le cas contraire, de se faire arrêter. Même si la Salle des Peintures et de Fabergé étaient ouvertes au public et prétendument libres à visiter, elles demeuraient sous étroite surveillance. D’autre part, il était suspect de ne pas s’empresser de se rendre au bal, d’autant plus lorsqu’on usurpait le nom d’un couple de nobles – de moindre importance, cela dit, mais le risque existait.

Bras dessus, bras dessous, ils gagnèrent la Salle des Merveilles, dont la superbe marqueterie aux teintes marron multicolores alliait élégance discrète et sobriété – du moins comparé à la débauche des autres pièces. Cela n’était que pour mieux mettre en valeur les œufs d’or, de cuivre, de laiton, d’argent, d’émeraude et d’autres riches matières, posés sur leurs supports tout aussi dispendieux.

Grâce à son rôle de duchesse passionnée de babioles luxueuses et inutiles, Liliane put se permettre de presque coller le nez contre les vitrines où jouaient les reflets des becs à gaz sur les lustres de cristal. Méthodiquement, elle passa en revue chaque œuf exposé, faisant un commentaire enthousiaste quasi-systématique, émettant des hypothèses farfelues quant à la nature des pierres enchâssées dans les volutes d’or, de plomb, de cuivre et de laiton. Elle ne tarissait pas d’éloges sur la manière dont l’artiste avait incorporé la mécanique à ses merveilles, contrefaisant une vie en suspension, une existence en devenir dans ces œufs : on ne voyait point les rouages ni les pistons, mais ils apparaissaient en transparence à travers certaines matières grâce à des éclairages subtils, et selon l’angle, on aurait pu croire à une éclosion prochaine.

Certains œufs allaient vraiment éclore, cela dit.

Quand c’était le cas, elle s’arrêtait et accusait une longue seconde de silence. Elle posait la main sur sa rivière de diamants, laquelle avait été préalablement plongée dans un bac de poudre d’orichalque. La matière, invisible à l’œil nu, se déposait sur son gant. Ensuite, elle posait les doigts sur les cartouches explicatifs des Œufs. Ce signal aiderait Léonore, armée de son monocle alchimique, à distinguer les œufs piégés de ceux qui ne l’étaient pas. L’ingénieure-alchimiste n’aurait pas pu les repérer seule, car elle ne possédait pas le don de double vue magique… Liliane avait hérité ce talent de leur mère, tandis que Léonore avait plutôt le don de comprendre et de construire les mécanismes comme leur père. La physique alchimiquantique n’avait aucun secret pour elle. Une sœur pour la science, l’autre pour la magie. Elles se complétaient fort bien, dans la vie comme dans les missions. Un peu comme leurs parents jadis… une autre des raisons pour lesquelles on les comparait très voire trop souvent à leurs défunts géniteurs.

— Ces œufs sont absolument magnifiques…

— J’avoue ne pas partager votre émerveillement, dit Sacha en dissimulant un faux bâillement derrière le revers de sa main. Ma dame, j’ai consenti à vous accompagner, mais ne pourrions-nous pas regagner la salle du bal ? Le temps file et j’ai peur de ne pas pouvoir revoir quelques amis qui ont prévu de partir sitôt le couple impérial arrivé…

Une manière de lui signifier que, s’ils s’attardaient davantage, Léonore n’aurait pas le temps de commettre son larcin. Les événements risqueraient de prendre une tournure précipitée voire sanglante. D’autre part, il leur restait un élément crucial à mettre en place.

Prenant son rôle à cœur, Liliane poussa un profond soupir de regrets, ramenant les mains sur son cœur, et leva des yeux énamourés vers Sacha. Celui-ci conserva un regard impassible. Cela dit, elle l’entendit clairement penser quelque chose de lyrique et niais au sujet de la profondeur des iris noisette qui lui faisaient face, et des paillettes dorées qui flottaient au-dessus du puits sombre de ses pupilles… Liliane manqua de plisser le nez. En voilà un qui aurait mieux fait de réfréner ses sentiments : après demain, ils ne se verraient probablement plus jamais, et Liliane n’était pas d’humeur à briser un cœur. Pas ce soir. Ni jamais.

— Allons-y alors, dit-elle avec le ton sec qui pouvait passer pour celui d’une femme vexée de mettre un terme à son occupation préférée pour des raisons vainement masculines.

Pour Liliane, il s’agissait surtout de mettre un peu plus de distance entre elle et lui. Mais, d’ordinaire, plus elle tentait de s’éloigner de certaines personnes, plus celles-ci se trouvaient attirées. Était-ce dû à sa célébrité ? Ou à son charme personnel ? Ou un savant mélange des deux ?

Elle n’aurait su dire. En tout cas, cela ne lui facilitait jamais la vie, que ce soit en mission ou chez elle, à Massalia-1910.

Léo, pensa-t-elle en quittant la salle des Merveilles Mécaniques, c’est à toi de jouer

 


 

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